Biography

Chapitre 1 — Enfance et premiers regards

Armand Billard naît le 11 septembre 1975, dans le 15ᵉ arrondissement de Paris, à quelques pas seulement de la Tour Eiffel. Cette structure de métal, symbole de prouesse technique et d’élégance architecturale, marque durablement son imaginaire. Des années plus tard, il lui rendra hommage à travers ses créations horlogères, en y inscrivant de subtils motifs graphiques inspirés de son ossature.

Après ses trois premières années parisiennes, sa famille s’installe à la campagne, à une centaine de kilomètres au nord de la capitale, avant de revenir en banlieue parisienne lorsqu’il a huit ans. C’est là qu’il grandit véritablement. Aîné de trois enfants, Armand se passionne très tôt pour le dessin. À douze ans, il entame une formation académique au conservatoire local : un enseignement rigoureux qui façonne sa sensibilité artistique et lui apprend à observer le monde à travers la lumière, les formes et les gestes.

Son parcours scolaire se déroule dans un établissement privé, masculin et confessionnel : un cadre strict, mais exigeant. À dix-huit ans, il obtient son baccalauréat sans encombre. Ce n’est qu’après cette étape que son esprit créatif s’éveille pleinement. Il intègre d’abord une école d’art, puis poursuit quatre années dans une école d’arts appliqués, au terme desquelles il décroche un diplôme de design.

Chapitre 2 — Révélation artistique et naissance d’une vocation

À douze ans, Armand franchit un seuil décisif : il étudie le dessin au conservatoire de sa ville. On l’y forme aux fondements de l’art classique — natures mortes, paysages, modèles vivants, études de nus. Le dessin y est envisagé comme une discipline exigeante, alliant émotion et précision technique.

Après son baccalauréat, il s’oriente d’abord vers une école d’art généraliste, où il explore diverses disciplines créatives. Mais c’est dans une école de design qu’il trouve sa voie. En cinq années, il forge une vision ancrée dans la forme, l’usage et le sens. Diplômé d’un Métiers d’Art en design industriel, il comprend alors qu’il possède les outils pour s’exprimer à travers les objets — et plus encore, pour transmettre une intention par la matière.

Chapitre 3 — L’entrée dans le monde : le jour où tout a commencé

En 1999, à l'âge de 24 ans, Armand présente un projet de fin d'études tourné vers l'avenir, axé sur des objets électroniques aux formes organiques et translucides. Parmi les membres du jury, le directeur du design d'Alcatel, immédiatement séduit par son travail, lui propose un poste sur-le-champ. Ce moment marque le début de sa carrière.

Chez Alcatel, Armand travaille sur des prototypes de téléphones encore éloignés de toute production, mais porteurs d’avenir. L’un de ses projets est présenté au salon Telecom Genève, événement international majeur de l’époque. À seulement vingt-quatre ans, il participe déjà à dessiner le futur, aux côtés d’ingénieurs et de stratèges marketing, en plein cœur de la révolution numérique.

Chapitre 4 — Liberté, moteurs, horizons

Peu après son arrivée chez Alcatel, Armand choisit une autre voie. À vingt-quatre ans, il devient designer indépendant, poursuivant ses collaborations avec Alcatel Lucent et divers clients industriels. Il s’installe dans la maison de campagne de sa grand-mère disparue - un lieu silencieux, habité de souvenirs, qui devient son refuge créatif. En parallèle, deux passions naissantes s’imposent à lui : la moto et le voyage. Il découvre la liberté brute du mouvement et la beauté des paysages.

En 2005, il décide de tout quitter pour entreprendre un tour du monde de deux ans avec son cousin. Commencée le 21 avril 2005, l’aventure les conduit à plus de cent sites classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. De ce périple naît un livre : Les Cousins Migrateurs autour du monde. Ce voyage devient une expérience fondatrice, nourrissant son regard créatif par la rencontre avec des architectures, des cultures, des matières et des couleurs.

À son retour en avril 2007, il est transformé — animé d’un désir renouvelé de créer et d’inventer une nouvelle manière de vivre.

Chapitre 5 — Créer, diriger, transmettre

De retour à Paris, Armand fonde en avril 2007 sa propre agence de design : Caïman Design. Un nom qui évoque un animal à la fois agile et solidement ancré — métaphore de sa vision du design. Le succès est immédiat, et il s’installe à Vincennes. Il bâtit une équipe d’une quinzaine de collaborateurs et travaille avec des startups, des PME comme de grands groupes. L’agence acquiert rapidement la réputation d’un studio de référence.

Durant ce même voyage autour du monde, Armand avait rencontré celle qui deviendrait son épouse - une médecin allemande rencontrée en Argentine. Ils se marient en 2009 et auront deux filles.

En 2015, un nouveau chapitre s’ouvre. Deux dirigeantes d’un cabinet de conseil parisien souhaitent adjoindre une division design à leur société et lui proposent de racheter son agence. Armand accepte et devient directeur du design, libéré des contraintes quotidiennes de la gestion.

C’est précisément à ce moment qu’un nouvel horizon se dessine : l’horlogerie.

Chapitre 6 — Sartory-Billard : la naissance d'une vocation

L’été 2015 marque un tournant. Armand vend Caïman Design et décide de suivre sa passion de toujours : l’horlogerie. Aux côtés de son ami Ludovic Sartory, il crée une première montre — pour le plaisir. Mais très vite, la demande dépasse leur cercle proche : de deux pièces, ils passent à dix, puis trente, puis à une véritable collection.

En 2017, Armand se désengage totalement de ses anciens projets et se consacre entièrement à cette aventure. Il conçoit la SB02, dotée d’un système inédit de personnalisation. Viendront ensuite la SB03 et la SB04 — cette dernière installant Sartory-Billard comme un nom à part entière dans le monde de l’horlogerie indépendante.

Autodidacte, Armand apprend chaque matériau et chaque technique à force d’essais, d’erreurs et de persévérance. Son objectif est clair : créer des montres sincères, personnelles et cohérentes — des objets de lien, pas de statut.

Chapitre 7 — Sartory-Billard Full-Time : une marque, une vision

En septembre 2019, Armand Billard ferme définitivement le chapitre de sa vie d’indépendant en design. Il se consacre désormais à plein temps à Sartory-Billard — sa marque, sa vocation, son avenir.

Dès le premier mois, l’entreprise lui permet de se verser un salaire — une réussite nécessaire et réfléchie dans un contexte familial. Mais au-delà de l’objet, Armand découvre une passion encore plus profonde : les matériaux, et la relation avec les clients.

Avec son œil de designer, Armand place l’artisanat sur mesure au cœur de sa démarche. Chaque montre naît d’un dialogue. Peu importe d’où vient le client — Singapour, New York, Milan, Okinawa — ce qui compte, c’est la résonance entre la personne et le matériau. Il ne propose pas des modèles, il propose des rencontres.

En 2021, après des dizaines de SB04 vendues dans le monde entier — y compris à des collectionneurs habitués à des pièces bien plus chères — il est temps de franchir un nouveau cap : introduire un mouvement haut de gamme et une finition plus aboutie. Ainsi naît la SB05.

Armand collabore avec Comblémine, la manufacture de cadrans dirigée par Christophe Beuchat et propriété de Kari Voutilainen, et travaille avec Voutilainen & Cattin pour les boîtiers. Les mouvements proviennent de La Joux-Perret. Plus complexe et plus sophistiquée, la SB05 conserve l’esprit Sartory-Billard : entièrement personnalisable dans un cadre de design défini, guidée par un Design Guide claire.

Le succès est immédiat : les 75 premières SB05 sont commandées en quelques jours. Armand continue à produire les cadrans en titane dans son propre atelier, tandis que Comblémine assure l’assemblage final. Aujourd’hui encore, la SB05 fait partie de la collection de la marque.

Chapitre 8 — SB06, collaborations internationales et reconnaissance horlogère

Après la vente des parts de Ludovic Sartory, Armand Billard devient l’unique propriétaire de Sartory-Billard. Lancée en 2021 et dévoilée pleinement en 2023, la SB06 marque une nouvelle étape dans la maturité esthétique et technique de la maison. Plus sculpturale, plus ambitieuse, elle incarne la maîtrise artisanale de la marque et inaugure le premier mouvement propriétaire Sartory-Billard : le SBTV01, un calibre à remontage manuel doté d’un tourbillon volant avec pont supérieur invisible en saphir. Avec ses 209 composants, sa réserve de marche de 96 heures et son balancier spectaculaire, ce mouvement s’impose comme une déclaration d’indépendance.

Deux projets majeurs autour de la SB06 symbolisent l’essor international de la marque : une édition limitée pour CronotempVs Collectors, et une collection régionale pour Sincere Fine Watches en Asie.

CT12 — La SB06 pour CronotempVs : pureté graphique, profondeur symbolique

La SB06 CT12 a été développée en collaboration avec le célèbre groupe de collectionneurs espagnol CronotempVs. Produite en 30 exemplaires numérotés, cette édition spéciale se caractérise par un minimalisme graphique radical et une approche architecturale ultra-raffinée. Elle met l'accent sur la symétrie, la légèreté visuelle et une forme de mysticisme discret ancré dans la présence flottante du tourbillon volant.

Le cadran exprime une sophistication discrète : l’heure est indiquée par un disque de saphir imprimé, le guillochage est retenu, et le tourbillon se dresse fièrement tel une sculpture cinétique.

Conçue comme une œuvre d’art horlogère contemporaine, la CT12 incarne une sobriété élégante — une montre technique et méditative qui contraste fortement avec le bruit visuel du marché horloger actuel.

SHH Editions — Huit pièces uniques pour Sincere Fine Watches en Asie

En juin 2025, Sartory-Billard annonce un partenariat stratégique avec Sincere Fine Watches, acteur majeur de l’horlogerie indépendante en Asie du Sud-Est. Sincere devient le distributeur exclusif de la marque à Singapour, en Malaisie, en Thaïlande et à Taïwan. Pour célébrer cette alliance, les deux maisons co-créent une collection spectaculaire : huit pièces uniques SB06 Flying Tourbillon SHH Editions, deux pour chaque marché.

Chaque pièce rend hommage à un thème culturel local : le Jewel Rain Vortex de Singapour, les shophouses Peranakan de Katong, le batik malaisien, le jade impérial, les temples thaïlandais, la Taipei 101, et l’industrie des semi-conducteurs de Taïwan, représentée par un cadran en véritable wafer de silicium.

Chaque montre embarque le mouvement SBTV01 et une complication unique d’affichage 24 heures à aiguille double : un soleil en or massif à une extrémité, une lune remplie de Super-LumiNova à l’autre. Cette complication poétique — unique dans sa conception — marie ingéniosité mécanique et narration artistique.

En évoquant ce partenariat, Armand Billard déclare :

« Nous voulions que chaque pièce soit un pont entre l’héritage local et notre langage de design. Sincere nous a offert un regard précieux sur la sensibilité des collectionneurs asiatiques — cette collaboration s’est bâtie sur la confiance, la subtilité et une passion commune. »

Chapitre 9 — SB04-E : Architecture de transition

En 2025, après une période de développement intense, Armand Billard dévoile une nouvelle étape dans l’aventure Sartory-Billard : la SB04-E, où le “E” signifie “Évolution”.

Avec la SB06, Sartory-Billard renforçe son statut international sans renoncer à son échelle artisanale. Produites à 30 exemplaires ou en pièces uniques, chaque montre reflète la même précision, le même soin, et l’engagement continu de la marque à matérialiser le temps.

Ce modèle n'est pas une rupture, mais un raffinement — une version réarchitecturée de la SB04, pensée pour conserver l’esthétique signature de la marque tout en s’ouvrant à une production sérielle de petite échelle. La SB04-E marqua l’entrée de Sartory-Billard dans une nouvelle ère : une montre conçue non plus comme une pièce unique, mais comme un objet pleinement abouti, reproductible en séries limitées (50 à 100 pièces en général) sans jamais sacrifier ni la qualité, ni la cohérence du design.

Un boîtier repensé, une robustesse accrue

Si elle conserve les lignes familières de la SB04, la SB04-E introduit des évolutions techniques profondes : un boîtier en acier inoxydable plus rigide, une étanchéité portée à 100 mètres, un système revisité de vissage entre le boîtier et le fond, ainsi que des tolérances d’usinage resserrées pour chaque composant. Objectif : un processus d’assemblage plus fluide et plus fiable, sans besoin de retouche manuelle — tout en préservant l’élégance de la montre.

Le design extérieur garde les codes de la SB04 : une lunette sculptée, des finitions alternant satin et poli-miroir, des proportions tendues et équilibrées. Mais à l’intérieur, le boîtier est entièrement repensé, conçu pour être compatible avec les futurs mouvements manufacture de Sartory-Billard.

La montre comme manifeste

La SB04-E n'est pas simplement un nouveau modèle — c'est un manifeste. Elle affirme que Sartory-Billard peut concilier maîtrise industrielle et émotion artisanale, et que l’excellence n'a pas à se limiter aux pièces uniques. Elle démontre que, chez Sartory-Billard, l’évolution se construit par la clarté du design et la précision de l’exécution.

Elle pose aussi les bases de l’avenir : une nouvelle catégorie de collections cohérentes, fidèles à l’ADN de la marque, mais pensées pour engager un public plus large — sans compromis sur la matière, la lumière, ni la sincérité.

Chapitre 10 — GPHG : La reconnaissance de l’establishment horloger

Une voix montante parmi les géants

L’histoire débute en 2020, quand Sartory-Billard présente sa SB04 “Blue Titanium”, une montre minimaliste mais puissamment graphique, dotée d’un cadran en titane poli-miroir — une technique maîtrisée par seulement quelques ateliers dans le monde. Bien que la montre ne fût pas nominée cette année-là, sa présence sur la liste officielle des candidats du GPHG marqua le début d’une lente et régulière ascension vers la reconnaissance.

Deux ans plus tard, en 2022, la maison revient avec la SB05, cette fois dotée d’un cadran en nacre sombre serti dans un boîtier en titane grené. Entièrement personnalisable par le client mais guidée par un langage de design précis, la pièce se distingue dans la catégorie Challenge. Elle est nominée et exposée lors de la tournée mondiale du GPHG — un tournant qui confirma la légitimité de l’approche Sartory-Billard : artisanale, sur-mesure et sincère.

En 2023, la marque entre de nouveau en lice, cette fois avec une SB07 unique, ornée de lapis-lazuli et de météorite. Bien qu’il s’agît d’une pièce unique créée pour un client privé, sa nomination dans la catégorie Sports souligne l’ouverture croissante du jury du GPHG à la personnalisation — et à ces acteurs non-suisses capables d’allier créativité et robustesse.

Mais c’est en 2024 que la marque présente sa pièce la plus ambitieuse sur le plan technique : la SB06-24HM “La Nuit”, un tourbillon volant poétique doté d’une complication 24 heures. Entièrement animé par le mouvement manufacture SBTV01, la pièce est nominée dans la catégorie Tourbillon, l’une des plus compétitives du GPHG. La montre — dont le cadran évoque un arc céleste où un soleil doré et une lune lumineuse se succédaient — incarne tout ce que la marque est devenue : émotionnelle, audacieuse techniquement et discrètement confiante.

Plus qu'une compétition

Pour Armand Billard, le GPHG n’a jamais représenté une ligne d’arrivée, mais plutôt un miroir.

« Ce n’est pas une question de validation, dit-il souvent, mais de montrer ce que le design indépendant peut apporter à l’horlogerie quand il se libère des conventions. »

Chaque nomination n’est pas seulement une reconnaissance du savoir-faire, mais aussi de la vision — celle d’une marque qui n’a jamais cherché l’approbation, mais qui a su gagner le respect en restant fidèle à sa voix.

Chapitre 11 — Horocraft, mouvements maison et expansion sélective

En 2024, Sartory-Billard franchit un cap décisif avec la création d’Horocraft, installé à Sainte-Croix, en Suisse. Armand Billard s’associe à Sylvain Pinaud et Christophe Beuchat pour fonder un atelier capable de concevoir et de produire une gamme complète de mouvements mécaniques manufacture.

Ce passage à l’indépendance technique offre à Sartory-Billard un contrôle total sur l’esthétique, la qualité et la liberté créative. La première plateforme — développée en parallèle pour des calibres manuels, automatiques et tourbillons — est modulaire, robuste et entièrement originale dans son architecture.

Parallèlement, la marque développe un réseau restreint de détaillants triés sur le volet à Paris, Londres, Tokyo et Singapour — choisis pour leur expertise en horlogerie indépendante et leur capacité à transmettre l’esprit de la marque dans le bon contexte.

À 50 ans, Armand Billard incarne une marque arrivée à maturité : techniquement autonome, reconnue à l’international, mais farouchement fidèle à ses valeurs fondamentales — artisanat, indépendance et connexion humaine.

Les mots du fondateur

1. Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans le fait d’entrer en contact avec des collectionneurs du monde entier ?

Je suis vraiment ravi de rencontrer des collectionneurs aux quatre coins du monde qui considèrent les montres comme des œuvres d’art, et non comme de simples symboles de statut social. À travers les cultures, on retrouve une appréciation commune pour l’artisanat, le souci du détail et la narration — des valeurs au cœur de Sartory Billard. Beaucoup suivent notre travail à distance, et lorsque je voyage ou participe à des salons, j’ai l’occasion de les rencontrer en personne, de placer les montres entre leurs mains et d’entamer ces conversations riches de sens qui mènent si souvent à des créations inattendues.